La permaculture (de permanent + agriculture) est un peu un mot à la mode aujourd’hui. Il est très répandu et semble signifier beaucoup de choses différentes pour différentes personnes. Patrick Whitefield en a donné une définition très courte : « …prendre les écosystèmes naturels comme modèle pour nos propres habitats humains. » (The Earth Care Manual, 2004)
Dans le jardin, cela signifie imiter les écosystèmes naturels, tels que les forêts, ce qui permet au jardinier d’obtenir une densité de production suffisante, tout en dépendant moins d’intrants externes comme les engrais, l’énergie et l’irrigation. Mais les systèmes sont complexes, et la nature est difficile à copier. Les écosystèmes naturels se caractérisent avant tout par la diversité des espèces et des relations bénéfiques – relations entre les plantes et les animaux et les microbes, mais aussi avec les composants inorganiques tels que l’eau et les minéraux, la lumière et l’ombre. La mise en place de ces relations est un défi.
La clé de la permaculture est le design. On commence par observer son site à travers un cycle complet de saisons, et même plus longtemps. On planifie ensuite les améliorations et les interventions (comme les plates-bandes surélevées et les fossés) et on positionne les éléments du jardin en fonction de ses observations. L’objectif principal est de minimiser le temps que vous passerez à l’avenir à courir avec des brouettes, des houes et des tuyaux d’arrosage, tout en maximisant la productivité naturelle de votre terre.
Mais les habitats humains ne se limitent pas aux jardins. La permaculture est également liée à l’environnement bâti et aux relations entre les personnes. Sur une maison, par exemple, la permaculture signifie adapter l’architecture pour exploiter pleinement les ressources libres comme le soleil, le vent et la pluie, et profiter au maximum de l’orientation et de l’emplacement. De bons exemples sont la construction d’une serre contre un mur orienté au sud pour maximiser la rétention de la chaleur en hiver, ou l’utilisation de lucarnes en aplomb de façade dans les extensions de toit : les vitres verticales laissent entrer le soleil bas en hiver lorsque on a besoin de chaleur, mais les avant-toits en surplomb empêchent le soleil chaud et haut en été. Cela peut permettre d’économiser beaucoup d’énergie par rapport aux fenêtres de toit plus courantes, qui font le contraire.
L’initiateur de la permaculture, Bill Mollison, a également déclaré que le mot signifie permanent + culture (pas seulement l’agriculture). Faisant référence aux relations humaines, il a déclaré que « …les cultures ne peuvent pas survivre longtemps sans une base agricole durable et une éthique d’utilisation des terres ». Le troisième pilier important de la permaculture est donc la distribution équitable de la production par le biais d’économies locales, équitables et basées sur la communauté. En bref, chacun devrait avoir une part équitable des richesses de la Terre, tandis que la planète reste saine et que tous les peuples ont la chance d’avoir un niveau de vie raisonnable.
Quelques-unes des influences (autres lectures et liens)
Les idées que je trouve inspirantes proviennent de diverses sources. Je dois surtout mentionner la Ferme Larock à Neupré, près de Liège, où j’ai appris les rudiments de l’maraîchage biodynamique auprès du maraîcher Peter van Mol. Avec un petit troupeau de vaches et une fromagerie, ainsi que des légumes et des fruits, c’est une ferme biologique traditionnelle et mixte.
La permaculture a été développée pour la première fois comme système dans les années 1970 en Australie, par Bill Mollison et David Holmgren. Depuis lors, plusieurs personnes ont adapté leur approche ou développé des idées similaires dans le contexte européen. Parmi eux, Patrick Whitefield au Royaume-Uni et l’Autrichien Sepp Holzer, qui a utilisé son expérience et son intuition pour cultiver des légumes de manière productive en haute altitude dans les Alpes près de Salzbourg.
Une autre adresse pour l’inspiration est la Ferme du Bec Hellouin en Normandie, où Nina et moi avons suivi un cours de permaculture.
Au Bec Hellouin, Perrine et Charles Hervé-Gruyer ont emprunté les idées des maraîchers parisiens du XIXe siècle, ainsi que de Bill Mollison et d’autres, pour développer leur propre agriculture écologique. Aujourd’hui, leur ferme est une idylle verte très productive. Plus près de nous, nous sommes également impressionnés par le travail accompli par Jean-Cédric Jacmart et sa coopérative à la Ferme de Desnié à Theux.
Parmi les autres personnes qui ont partagé des idées importantes et édifiantes dans ce domaine figurent Masanobu Fukuoka, au Japon, l’Américain Elliot Coleman et Pierre Rhabi en France.
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